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dessinez-leur une école!
SENAT le 08/04/2003
Projet de Loi relatif aux Assistants d’Education
Question préalable de Mr Ivan RENAR



Comme vous, j’ai lu le Petit Prince. Je commencerai donc par Saint Exupéry. « -S’il vous plaît… dessine-moi une école !
Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.)…Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications ».
C’est le cas en ce moment où, nos enfants, nos élèves, nos collégiens, nos lycéens travaillent sur le thème de la Cité idéale. Or pour construire la Cité Idéale, il faut construire l’Ecole Idéale, celle de la réussite.
Le Président de la République déclarait au journal Le Monde du 6 mai 1995, qu’il fallait « revenir aux sources de notre système d"éducation et de formation et réinventer en quelque sorte l"Ecole de la République (…) et il ajoutait : -« Je propose, donc, un grand débat national… ».
On en est loin avec le texte que vous nous proposez.
Cette question préalable que je soumets à votre vote est motivée par deux grandes raisons :
- l’Ecole française a un passé exceptionnel et il serait bon de le connaître et de ne pas l’oublier pour lui forger un avenir.
- l’Ecole républicaine française est fondée sur un projet politique qui synthétise les idées de citoyenneté individuelle et de conscience collective.
Cette idéologie a toujours permis d’intégrer des populations hétérogènes par leur origine régionale et sociale, nationale même, depuis l’époque de l’empire français et de ses colonies à aujourd’hui, en passant par le multiculturalisme et la fascination exercée par les Etats Unis d’Amérique dont le « melting pot » reste un mirage tant le cloisonnement culturel et social est grand.
L’épine dorsale de l’exception française dans le domaine scolaire est constituée par le corps enseignant français et cette disposition est de toute première importance pour le présent et pour l’avenir : une réforme de l’Education nationale doit avoir la valeur d’une mise à jour réalisée sans perdre de vue l’essentiel de l’idéologie républicaine.
Comment entendre l’injonction de Montaigne : « Plutôt une tête bien faîte qu"une tête bien pleine », alors que les savoirs prolifèrent sauvagement, s’approfondissent vertigineusement et dans le même temps se séparent inexorablement ?
Comment « réformer la pensée » pour « penser la réforme » et réciproquement ?
Comment éduquer aujourd’hui au temps de toutes les promesses et de tous les dangers, au temps des incertitudes ? Comment enseigner à la fois la citoyenneté et la compréhension lucide et fraternelle de la condition humaine ?
Or, on ne peut comprendre la centralisation de l’Ecole « à la française » si on ne saisit pas qu’il s’agissait, à l’origine, de mettre en place non seulement une administration publique mais une corporation publique, c’est-à-dire un organisme concourant à la réalisation d’une même fin et ayant une unité morale et une inspiration commune.
Même Napoléon disait en 1810 : « j"ai organisé l’Université en corps, parce qu"un corps ne meurt jamais et parce qu"il y a transmission d"organisation, d’administration et d’esprit. »
Le corps enseignant devrait donc être consulté dans sa totalité et dans sa complexité parce qu’il forme un tout organique dont le moteur central est l’enfant et c’est là notre devoir d’avenir, l’enfant d’aujourd’hui, car il ne s’agit pas pour moi, de faire ici l’apologie d’un enfant idéalisé.
Mais, l’être humain-enfant ne peut être que le centre et il échappe, ce centre, à toute grille comptable régressive : il a besoin, en face de lui, d’êtres humains adultes, jeunes et moins jeunes, coûte que coûte.
En touchant, sans consulter, la question et l’emploi des MI-SE, vous touchez l’équilibre et la cohérence souvent difficile d’une équipe pédagogique dans son ensemble. Car ce projet est d’abord un « plan social » de très grande ampleur, une précarisation de l’emploi qui mettent en danger le service public de l’éducation et l’avenir de nombreux jeunes.
Parlons clair, dès la prochaine rentrée scolaire ce sont 5500 emplois de Mi-SE et 20.000 poste d’aides éducateurs qui seront supprimés, remplacés par seulement 16.000 postes d’assistants d’éducation au statut flou.
9500 suppressions d’emplois, c’est pire qu’à Metaleurop, qu’à Air Lib ou à GIAT industries réunis.
Cela étant, ici, comme ailleurs, le particulier est dans le tout et le tout se « réfléchit » dans le particulier.
Parce que l’Education nationale n’est pas en dehors des réalités quotidiennes nationales et internationales, elle subit les assauts de la crise que traverse notre civilisation industrielle globale et elle vacille sur le socle des valeurs de service public qui devraient continuer d’être les siennes : l’égalité des chances face à la connaissance et aux savoirs est incompatible avec des privatisations sauvages et une décentralisation bâclée dans l’urgence des effets d’annonce.
Je plaide d’ores et déjà pour maintenir les personnels dans la fonction publique d’Etat pour garantir la cohésion de la communauté éducative, l’équité territoriale et un service public démocratique.
Je ne pense pas que l’affaiblissement du service public soit un gage de modernité, or en délocalisant certains services comme la restauration et l’encadrement psychologique comme la médecine scolaire, vous allez détruire le maillage complexe de l’Education nationale et de la prévention médicale ; en réduisant puis en déplaçant 110 000 personnels non enseignants, vous allez désorganiser des équipes sans aucune réflexion préalable sur les conséquences de ces décisions gouvernementales ; en se privant de l’apport de ces milliers d’emplois jeunes qui se sont engagés dans leur mission sans compter leur investissement, et dont l’utilité et reconnue par vous, vous menacez la gestion des établissements.
L’école occupe une place centrale dans la société : c’est une question qui concerne l’ensemble des citoyens, qu’ils soient élèves, parents d’élèves, qu’ils l’aient été ou aspirent à le devenir.
L’école doit assumer son rôle envers l’ensemble de la jeunesse, même la plus dérangeante et il ne peut être question d’ateliers relais ou d’internats répressifs ne relevant pas de l’Education nationale, service public de tous et pour tous.
Plus que dans d’autre pays, le modèle d’intégration « à la française » a été fondé sur l’idée et la valeur de la citoyenneté individuelle, sur l’égalité formelle, juridique et politique, de l’individu citoyen.
La méthode de réflexion et d’action ne peut être ici –comme dans nos autres débats d’ailleurs- celle de l’homme pressé et mal informé, ultrasensible à la conjoncture telle qu’elle se donne à voir, telle qu’on la donne à voir. Et j’y reviens :
-S’il vous plaît… dessine-moi une école !
Parents, élèves, enseignants tout le monde se rebiffe contre le système éducatif.
Ce phénomène est-il nouveau ou récurrent. On peut dire assurément qu’il s’est accentué. Avec la massification, l’école s’est sans conteste démocratisée. Dans le même temps les inégalités se sont faites plus fines, plus subtiles. Les élites continuent à s’auto-reproduire quand 20% des élèves s’en sortent terriblement mal. Sans compter que nous avons été capables de produire des diplômes pas des emplois. Beaucoup de gens font des études longues et constatent qu’elles ne sont pas aussi efficaces qu’ils l’espéraient.
Enfin nous ne sommes pas parvenus à régler le problème de la formation professionnelle, vers laquelle l’orientation continue de se faire par l’échec. Il existe donc de vrais motifs d’insatisfaction et d’amertume. Chez les élèves, cela se manifeste par l’ennui, l’absentéisme ou la violence. Chez certains enseignants par une profusion de livres à succès, sur le mode du « tout fout le camp, arrêtons là … » avec un ton pour certains à l’égard des enfants du peuple pour le moins désagréable et méprisant.
Les réponses sont souvent simplistes. Comme toujours, lorsqu’il y a déception, on voit persister une nostalgie conservatrice. La présence de garçons et de filles à l’école pose problème ? Séparons-les. La présence au collège de bons et de mauvais élèves pose problème ? Séparons-les. Une partie de l’opinion penche pour ces choix. Excédés, fatigués, découragés, beaucoup d’enseignants sont tentés d’y céder. Raison de plus pour chercher à réformer l’école plutôt que de risquer le retour en arrière.
Il y a besoin de débat, il y a besoin de reformer. Que ce soit sur les savoirs enseignés ou la façon dont on les transmet.
C’est là une question récurrente, relative à ce que l’on peut appeler la culture commune.
Que doit on enseigner ? La réponse n’est pas simple. Pendant longtemps a perduré une sorte d’accord sur la culture scolaire. Il est en train de se défaire.
Les parents disent : « je veux que mes enfants aient des formations utiles » ; les profs défendent un enseignement plus culturel.
Les employeurs expriment leur insatisfaction quant aux qualifications des jeunes. Les fédérations syndicales se demandent si l’ont prépare bien les enfants au monde tel qu’il est.
A toutes ces attentes il faut ajouter celles des élèves dont on ne parle jamais assez, mais qui sont importantes : l’envie d’apprendre des choses utiles et qui leur permettent d’être citoyens.
Il y a aussi des points de rupture qui commencent à peser. Et quand on aborde les thèmes de violence, de discipline, ou de citoyenneté, surgit encore un autre débat. Celui de savoir si l’école a une fonction d’intégration et laquelle.
L’école républicaine a été inégalitaire, bien plus qu’elle ne l’est actuellement. En revanche elle avait un rôle d’intégration sociale indéniable. Et personnellement je ne saurais assez remercier et rendre hommage à mes instituteurs de l’école laïque et à certains de mes professeurs du lycée d’Etat. Or aujourd’hui elle est un facteur d’exclusion pour de nombreux élèves.
Souvent les enseignants se plaignent que les enfants n’ont pas le comportement qu’ils attendent d’eux.
En même temps, beaucoup sont tentés de dire : Ce n’est pas à nous de leur apprendre ». Mais alors à qui est-ce ? On ne peut pas à la fois crier sur tous les tons que les familles sont démissionnaires, que la télé rend idiot, que les enfants sont mal élevés… et que ce n’est pas à l’école de s’en occuper. A nous de lui en donner les moyens.
Autrefois c’était plus facile, puisque l’école ne recevait que les élèves qui voulaient bien jouer son jeu. Dès lors qu’elle a pour ambition de les accueillir tous, elle ne peut pas être uniquement le lieu des apprentissages scolaires.
Cela étant dit, l’école a plutôt bien réussi, il ne faut pas être catastrophiste. Mais on avait laissé entendre qu’elle pourrait tout réussir
La massification scolaire a été fondée sur une idée formidable  mais contradictoire : celle de faire de l’excellence pour tous. Non qu’il soit impossible d’élever le niveau général des élèves. Mais l’école est dans une société, injuste et inégalitaire, et elle peut devenir une machine à classer et à hiérarchiser. Elle produit fatalement des excellents et des pas excellents.
C’est en cela que le collège a échoué. Il s’est voulu l’école de tous mais a conservé le modèle du petit lycée bourgeois. Evidemment ça ne marche pas
Cela ne signifie pas que l’école doive rogner sur ses exigences.
Il s’agit de se fixer des exigences que l’on peut assurer. Etre ambitieux pour l’école, ce n’est pas lui demander l’impossible sans se soucier qu’elle y parvienne ou non. C’est lui demander du possible en lui donnant les moyens, en exigeant qu’elle le fasse.
Je prends un exemple très simple. Si l’école de l’égalité des chances consiste à dire : « tous les enfants doivent entrer à Polytechnique ou à Normal.Sup », c’est impossible et destructeur. En revanche, attendre que tous les enfants qui sortent de l’école obligatoire sachent au moins telle ou telle chose et possèdent au moins telle ou telle compétence, deviennent des citoyens aptes à maîtriser le monde qui les entoure, c’est une autre ambition et l’on peut se donner pour tache de l’atteindre.
Dans ma vie politique et sociale, j’ai toujours été un défenseur du SMIC, qui n’a pas pour fonction d’abaisser le niveau des salaires, mais de s’assurer qu’il n’y en aura aucun en dessous d’un seuil défini.
Je sais aussi que dès que l’on raisonne en ces termes pour l’école on est vite accusé de vouloir abaisser le niveau. Pour ma part, je suis persuadé que s’attacher à faire en sorte que l’école donne un minimum à tous les élèves, est bien plus difficile que de dire : « Nous avons des ambitions générales, et le enfants feront ce qu’ils pourront ».
Cela me ramène à la définition du savoir. A qui en remet-on la charge. Ce doit être l’objet d’un grand débat national. Dans lequel le Parlement doit tenir toute sa place.
Je ne rappellerai jamais assez que notre école appartient à la Nation. Il y a des enjeux qui ne peuvent pas être discutés uniquement entre syndicats et Ministères. Aussi respectables que soient les uns et les autres.
Décider de ce que l’on fait de l’école, de ce que l’on doit y apprendre, du métier d’enseignant, ce sont de choix nationaux dont les parents, les syndicats ouvriers, les organismes professionnels, les élus locaux doivent pouvoir se mêler. Avec naturellement les enseignants et notre jeunesse. Discuter des moyens c’est bien, mais ça ne fait pas un débat.
C’est une vraie question de société, une question éminemment politique au meilleur sens du terme qui nécessite l’ouverture d’un débat national. Il fut un temps où vous-même le proposiez Monsieur le Ministre. Vous l’avez évoqué dans votre exposé tout à l’heure.
C’est une question démocratique qui appelle un grand débat politique, débouchant sur une belle et bonne réforme de l’Education Nationale. Et non comme maintenant un débat irréel, parce que prenant le problème à la marge, par la petite porte.
En a-t-on les capacités ? J’en doute quand je vois ce projet de loi qu’on nous amène aujourd’hui. Pourtant il et urgent de l’avoir.
On ne pourra pas vivre indéfiniment en apprenant quotidiennement que 30% de nos enfants ne savent pas écrire et avec la parution quasi quotidienne d’un article ou d’un livre sur le thème « Mes élèves sont des barbares »…
C’est pour tout cela que je vous propose d’adopter la question préalable. Parce qu’il est prématuré d’aborder le projet de loi que vous nous proposez. Que ce projet doit être pour le moment ajourné au profit du débat préalable sur l’ensemble des problèmes posés à l’Education Nationale. Et qu’alors, et alors seulement pourraient être abordés le statut et l’avenir des personnels prévus dans le projet de loi.
Pas seulement parce que nous ne sommes plus là dans la gestion de la crise, mais dans le bricolage de la gestion de la crise, parce que l’enfance, notre plus doux espoir, est celle qui construira la France et l’Europe de demain.
Et parce que pour reprendre Malraux : «  les enfants, là est la clé du Trésor ».
« S’il vous plait, Monsieur le Ministre, dessinez-leur une école ! »
Ecrit par EstelleRomano, à 17:34 dans la rubrique "ACTU".

Commentaires :

  ImpasseSud
ImpasseSud
24-04-03
à 16:33

Je vois deux problèmes de fond

Un peu long à lire tout ça, mais il me semble que tu as bien fait le tour de la question.

Personnellement je vois deux problèmes de fond au malaise actuel de l'Education nationale.

Le premier, c'est qu'on veut de plus en plus aligner l'école (primaire et secondaire) sur l'opportunisme de notre société d'aujourd'hui qui privilège plus les arrivistes que les connaissances et les compétences. Or il n'existe aucun type d'école digne de ce nom qui puisse répondre à cette requête sur un plan national. Et le problème persistera tant qu'on ne l'aura pas compris, quelles que soient les réformes qu'on entreprenne.

Le deuxième, c'est l'infiltration toujours plus envahissante et autoritaire des parents d'élèves et des élèves dans la gestion des écoles, ainsi que dans les décisions et les orientations didactiques, qui finit par condamner les enseignants à une sorte d'inertie, par peur d'entrer en conflit avec quelqu'un. Et comme tu le soulignes si bien, afin de satisfaire les vues à court terme des parents et des élèves, on retourne, l'un après l'autre, tous les raisonnements à l'envers, repoussant au second plan la recherche d'une meilleure qualité de l'enseignement pour tous. Ce système pousse les enseignants à se retrancher petit à petit derrière les avis de la majorité, et ils en arrivent même et de plus en plus, à demander à ces mêmes parents de faire à leurs places ce qu'eux-mêmes ne sont plus en mesure ou capables de faire. Pour sortir de ce cercle vicieux, il suffirait tout simplement que chacun retrouve la place qui est la sienne.

A part ça, je suis pour la défense de l'école publique et de la laïcité.

  sarah-k
sarah-k
24-04-03
à 18:26

Re: Je vois deux problèmes de fond

Si je suis tout à fait d'accord avec le premier point de ton analyse, en revanche le deuxième point évoqué me laisse un peu perplexe.Je suis Parent d'élèves depuis longtemps déja et je n'ai pas remarqué un quelconque envahissement des parents à l'école.(les écoles que je connais évidemment)
Difficile pour nous de faire qq fois valoir notre point de vue, mais fais-je peut-être partie de la catégorie de parents non angoissés et accordant encore ma confiance aux enseignants.

  tgtg
tgtg
24-04-03
à 20:39

Re:

Certains parents ayant fait des études de niveau plus élevé ou ayant une situation économique plus élevée que les enseignants estiment pouvoir donner leur avis et surtout critiquer l'enseignant (qui a quand même fait des études pour...)sans raison valable!!!

Les enfants sont influencés par les parents dans ce cas-ci .
Et ne respectent donc plus les enseignants!!!
............

  ImpasseSud
ImpasseSud
24-04-03
à 23:05

Re: Re:

Tgtg, je suis parfaitement d'accord avec toi.

Sarah, moi aussi je fais partie de ceux qui laissent les enseignants faire leur travail, comme l'ont fait mes parents et comme l'ont fait les tiens je suppose. Mais combien de parents qui courent pour défendre leur progéniture d'un prof soit disant injuste? Combien de parents qui vont se plaindre pour un oui ou pour un non? Combien de parents qui discutent les programmes ou leur exécution? Combien de parents qui couvrent les absences? Combien de parents qui inculpent les profs des mauvais résultats de leurs enfants? Sans parler de la chasse aux collèges les meilleurs, aux lycées les meilleurs, etc... Et quoi de plus négatif que le dénigrement d'un prof devant un élève, même si le prof a tort? Je pourrais raconter des histoires d'élèves qui osent discuter leurs notes en pleine classe, même avec de bons profs. Pourquoi osent-ils le faire, si ce n'est parce qu'ils se sentent soutenus par leurs parents ou, au pire, par la société ? Personnellement, quand j'étais au lycée, j’ai eu mes 0 et mes 18 comme tout le monde, et j'ai eu mes heures de colle, et même si j'ai subi de petites injustices, je n'ai pas l'impression d'avoir été brimée. Au contraire, j'ai plein de bons souvenirs. Alors pourquoi les collégiens et les lycéens d'aujourd'hui doivent-ils en faire à leur guise? Pourquoi doivent-ils descendre dans la rue pour tout et n'importe quoi, alors qu'on peut exprimer ses idées politiques à un autre moment ? Pourquoi autorise-t-on ce séchage de cours en bonne et due forme... si ce n'est parce qu'on sait qu'ensuite les parents excuseront le fait ? Ces élèves, ont-ils les capacités, les connaissances, la maturité d'esprit pour émettre des jugements sur l'enseignement qu'ils reçoivent? J’en doute, même si ce point de vue peut ne pas plaire. Seule la vie nous rend juge de l'enseignement qu'on a reçu.

Il est vrai que les profs, de leur côté, abusent parfois avec des jugements préconçus, mais on n'est pas forcément obligés de suivre les conseils qu'ils nous donnent. Et puis, nous avons tous eu de bons et de mauvais profs.
Mais comme le disait l'article, aujourd'hui tout vise à justifier une situation de fait, créée par les exigences des parents et partant de la société. On n'admet plus que certains enfants soient paresseux et qu'ils n'aient pas envie d'étudier, parce qu'étudier, ça demande un effort. On admet mal les problèmes des écoles des quartiers difficiles. Mais qui peut combattre ces tendances et ces difficultés, sinon les profs ? Cependant ils ne peuvent agir qu'à condition que les parents les laisse faire leur travail, à condition d'être soutenus par ces mêmes parents et par leur administration, sans créer des classes faibles pour faire croire aux nuls qu'ils ne le sont pas, ou des classes fortes qui sélectionnent le gratin, ou des classes de filles pour que les garçons ne se sentent pas mal à l'aise, etc... Tout ça, c'est de la démagogie pure et simple créée pour satisfaire les parents, mais elle a pour résultat de donner des valeurs bien différentes à un 3, à un 8, à un 13 ou à un 20. L'école républicaine dont parle l'article n'était pas conçue pour plaire aux parents. Ce besoin de satisfaire le jugement des parents, et partant de la société, génère une chienlit pas possible où il n'y a plus de certitudes, mais seulement des doutes, doutes que l'enfant quand il devient adulte, se retrouve en pleine figure, parce que ce système ne favorise que les 20 % qui arrivent à la cime.

Les derniers jugements de l'OCDE en décembre 2001 ont été assez féroces envers les niveaux des élèves de la plupart de nos pays occidentaux. Sur l'ensemble des résultats de l'enseignement imparti dans 32 pays, trois se détachaient nettement (la Finlande, le Japon et la Corée). Tout le reste était moyen ou franchement médiocre. Je pense que tout cela vient d'un laxisme où on joue à se donner l'illusion d'une qualité qui n'existe plus, ignorant purement et simplement le fond du problème, pourvu qu'on puisse se croire meilleur que son voisin. (Voir Le Monde du 5 décembre 2001 : La France, élève moyen de la classe de l'OCDE)

L'Education nationale prépare le futur d'un pays. C'est un ministère trop important pour qu'il soit pris à la légère, ballotté sans arrêt, avec des menaces de licenciement et des restrictions de budget de multinationales, ou encore, que son oeuvre soit soumise à des jugements de commodité ou de complaisance. Ici, si on veut récupérer les années d'incertitude, il faut, au contraire, motiver les enseignants, leur rendre l'estime de leur profession, et leur donner le moyen d'obtenir des résultats. Je suis consciente qu'il s'agit là d'un travail titanesque, mais qu'il serait temps de reprendre en main.
Mais avant tout, si on veut arriver quelque part, il faut que chacun retourne à sa vraie place : enseignants, enfants et parents.

  meta-blouse
meta-blouse
26-04-03
à 13:07

Re: Re: Re:

mon fils a trouvé sa vocation cette année ! il veut être prof .....est-ce bien raisonnable ?

  ImpasseSud
ImpasseSud
26-04-03
à 19:46

Re: Re: Re: Re:

ça dépend de l'age qu'il a...
Et puis, quelles sont les professions raisonnables aujourd'hui?

  meta-blouse
meta-blouse
26-04-03
à 22:01

Re: Re: Re: Re: Re:

il n'a que 19 ans (mince! déjà ? )il veut être prof de langue, anglais , italien , il étudie aussi le chinois depuis plusieurs années ,vala ...

  tgtg
tgtg
01-05-03
à 10:47

Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Ce n'est pas raisonnable !!!
mais difficile à raisonner!!!
:-)
:-(

  titi
titi
05-05-03
à 21:01

Merci d'avoir lu l' article que je co-signe avec Estelle Romano et le Sénateur Ivan Renar

L'école est partie intégrante de la société. Et quel est le bilan de cette société? A suivre.
Et puis, prof' est un métier formidable qui, comme tout aujourd'hui, demande beaucoup de combativité et de réflexion.

  ImpasseSud
ImpasseSud
18-05-03
à 22:34

Lu dans Le Monde d'aujourd'hui :

Paroles de profs ......


  sarah-k
sarah-k
20-05-03
à 11:15

merci!

merci, pour le lien Impasse.
Il faut que je trouve le temps de répondre à tes interventions, je ne suis pas tout à fait d'accord (enfin très légèrement)

  ImpasseSud
ImpasseSud
20-05-03
à 11:54

Re: merci!

Sarah, alors c'est avec plaisir que j'attends.....

  Bécassine
08-04-04
à 21:51

Re: Re: Re: Re:


  linkback
linkback
01-06-03
à 18:39

Lien croisé

Soleil des îles - Si vous avez des problèmes avec vos enfants, appelez le « coac : "e belge, mais si tu as lu les journaux français, tu te seras rendu compte que la France des enseignants publiques est pour l’instant sens dessus dessous. Et je lui donne raison, car l’Education pour tous, laïque, publique était un acquit d’un prix inestimable. On n’a pas le droit de badiner avec l’éducation des générations futures (voir mon point de vue exprimé sur place-des-fêtes il y a quelques semaines). Personnellement, je connais assez bien les deux côtés de la question, et d’un côté comme de l’autre on s’y sent mal à l’aise. Et je suis amplement d’accord avec toi quand tu dis que cet état de fait ne changera que lorsque les enseignants, les parents et les enfants retrouveront chacun la place qui est la leur. Il paraît qu’en Finlande les chos"

  ImpasseSud
ImpasseSud
09-12-03
à 17:46

Voici un point de vue comme je les aime...


  sarah-k
sarah-k
14-12-03
à 17:50

Ce que j'en ai à en dire..

merci Impasse pour le lien :-)))!
Très interessant..
Je ne participerai pas au grand débat sur l'école (sur 22 questions, choisir deux questions)
Et comment faire ci et comment faire ça, c'est maintenant que l'on me demande mon avis!
Cela fait au moins quinze ans que nous posons la question de l'illettrisme, cela fait déja dix ans que nous proposons de l'aide (pas de l'aide charitable, non de l'aide de spécialistes)
La grande forteresse de l'éducation nationale, nous a toujours écoutés d'une oreille distraite.
Oui! Il y a 1 élève sur 5 qui ne sait pas lire!
Oui! Nous avons des classes entières non francophones sans aucun autre soutien que les professeurs...
La réponse à la violence à l'école, c'est de laisser des mômes de 14 ans, 9 heures en garde à vue dans un commissariat de Paris 19, pour une bagarre en cours de gym?
Non, il y a un truc qui ne tourne pas rond dans la forteresse....

C'est comme les grands forum de la démocratie locale, on ne m'y reprendra plus!
Il n'y a pas plus de démocratie locale que de "beurre en branches"
A t-on déja vu de la démocratie dans des féodalités???????


  meta-blouse
meta-blouse
09-04-04
à 08:21

le débat est relancé ?

De mon temps l'école était "carcérale"
...restait encore à chacun la possibilité de la faire "buissonnière"

Aujourd'hui elle voudrait être "psychologique"
...implantons directement les barreaux dans les têtes, c'est plus efficace.
méta.


  sarah-k
sarah-k
09-04-04
à 12:35

Relançons le débat!

De mon temps!
Peu d'enfants restaient à l'école longtemps, seulement 20% avaient leur bac (c'étaient les années mi-70)
je me souviens que j'ai voulu rester à l'école quand j'ai appris par Vian que Chloé avait un nénuphar dans le poumon.
Ma mère m'a dit, on vous apprend des "conneries à l'école" et je me suis dit que je voulais apprendre des conneries.
Il me semble qu'aujourd'hui, il y a peu de plaisir à l'école.......................................



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